LE MAARIF : D’UN FAUBOURG EUROPEEN A UN PÔLE CENTRAL
L’actuel arrondissement du Maarif s’est constitué autour de deux noyaux urbains dont l’importance a marqué, et marque toujours, l’histoire contemporaine de la ville de Casablanca. Il s’agit du quartier Maarif et du quartier de Derb Ghalef.
En ce qui concerne le quartier Maarif, nul n’ignore son poids au sein de la ville de Casablanca. Désignant à l’origine le quartier colonial ¨petit blanc ¨, construit durant les premières années du Protectorat le nom du Maarif s’applique aujourd’hui à espace plus étendu.
Le Maarif compte parmi les premiers noyaux qui ont formé la ville de Casablanca. Il s’est développé à partir de 1914, formant une sorte de faubourg européen. Entre 1945 et 1960, il devenu le principal quartier ¨petit blanc¨ de la ville de Casablanca, alors qu’il représente, aujourd’hui, un quartier marocain en plein changement dans tous les domaines. Tout ancien qu’il soit et en dépit de sa forte originalité, le Maarif a changé de physionomie après l’indépendance. Il parait être le théâtre de bouleversements spectaculaires. De modeste quartier résidentiel, le Maarif est devenu aujourd’hui un quartier de production et un pôle de commerce et de services, animé par une croissante clientèle casablancaise socialement très hétérogène.
Dès 1907, les militaires français ont fait de la ville de Casablanca une base de leurs opérations. Ils facilitèrent ainsi le débarquement des immigrés qui étaient arrivés au Maroc avec un esprit d’aventure pour la découverte de ce pays jugé encore inexploité ou peu exploité. Une fois arrivés à Casablanca, ils ne purent habiter dans l’ancienne Médina qui était déjà une cité surpeuplée et incapable d’accueillir les nouvelles vagues humaines. Ils se lancèrent alors à la recherche de terrains voisins de l’ancienne Médina pour s’y installer. C’est dans ce climat que naquit le quartier Maarif. Il était considéré comme un quartier périphérique. En 1918, c’était encore le vide total autour de ce quartier.
Jour après jour, le quartier Maarif devint un quartier peuplé surtout par des étrangers : des Algériens, des Espagnoles, des Italiens ... Son succès s’est affirmé entre 1919 et 1927.Mais il a fallu attendre jusqu’en 1939 pour que le quartier soit achevé.
1928 était la belle époque de ce quartier, celle de la « commune libre du Maarif », laquelle avait ses notabilités : son maire, son amiral, celui-ci présidait aux destinées de la flotte du Maarif, une escadre de modèles réduits. Avec son Eglise et sa population, il présentait toutes les caractéristiques d’un petit village européen.
Plus tard et avec l’Indépendance, le Maarif, par la présence d’une population de plus en plus nombreuse, donna l’image d’un quartier plein.
Aujourd’hui, le quartier a acquis sa forme définitive : il s’étend sur un vaste espace individualisé dans la ville de Casablanca, surtout par son aspect architectural d’un ancien quartier européen et ses multiples fonctions industrielles, tertiaires, artisanales, et résidentielles
En fait, le quartier Maarif pèse lourd au sein de la ville de Casablanca. Ce poids, il le doit certes à son ancienneté, mais aussi à sa position géographique et aux mutations qu’il a subies à cause de son voisinage au centre des affaires.
Bref, le quartier Maarif fait figure d’un espace péri-central d’une grande importance et d’un intérêt considérable. Il joue un rôle primordial dans le fonctionnement de l’agglomération casablancaise.
Source : Said AGDAL, Poitiers, France, 1989.